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Véronique OLMI
Bakhita
Éd. Albin Michel, 2017 (456 p.)


 Bakhita
Une rare puissance d’évocation, un style saisissant, une grande subtilité et une intensité psychologique singulière caractérisent ce roman éponyme bouleversant de « Bakhita », où Véronique Olmi restitue, avec une remarquable habileté romanesque, le destin, les combats incroyables, la force et la grandeur d’âme de son héroïne, cette femme exceptionnelle considérée comme l’icône de la lutte, de l’amour et de la foi.
En effet, l’histoire est célèbre : c’est celle de Joséphine Bakhita, née à Olgossa au Soudan et enlevée à l’âge de sept ans près de son village. De maître en maître et de souffrance en souffrance, séquestrée, torturée, revendue tour à tour au plus offrant, elle se trouve confrontée, sans cesse, à la barbarie et à la sauvagerie déchaînée des hommes. Sa vie bascule pourtant lorsqu’elle fait la connaissance de Calisto Legnani, consul italien à Khartoum, qui la rachète et l’emmène avec lui en Europe. Affranchie à la suite d’un procès retentissant à Venise, elle entre dans les ordres et traverse le tumulte des deux Guerres mondiales et du fascisme. Convertie au catholicisme, elle embrasse une carrière religieuse et voue sa vie au service des enfants et des personnes démunies.
Une histoire tristement vraie, voilà ce que Véronique Olmi nous  conte dans ce livre. De sa plume magnifique, elle retrace avec précision les douloureux événements qui ont marqué la vie de son héroïne, toutes les humiliations qu’a pu subir cette femme solide, les atrocités et la brutalité humaine endurées… rien n’est épargné au lecteur qui se sent impliqué dans le parcours de cet être extraordinaire dont la noblesse d’âme force sans hésitation le respect et l’admiration.
En effet, Bakhita incarne cette résistance passive, qui passe par la volonté de ne pas céder, de survivre. Elle est dotée d’un surmoi infaillible et d’un courage transcendant voire surhumain qui la poussent, malgré les affres et l’injustice de l’esclavage, à se consacrer aux autres et à mener une vie de piété et de dévotion, sans qu’aucun désir de vengeance ne vienne effleurer son âme pure, illustrant par là la figure de la lutte pacifique. L’émotion que suscite cette vie de femme réside donc dans ce qu’elle nous apprend à travers son aptitude à résister au mal par le bien.
Cependant, en lisant profondément le roman de « Bakhita », on remarquera que Véronique Olmi excelle dans l’art de nous émouvoir et de nous toucher, non seulement par l’histoire qu’elle raconte, mais aussi par la façon dont elle la raconte, puisqu’elle parvient à mettre des mots sur ce qui ne peut être parfois ni écrit ni décrit.
Ainsi, d’une rare intensité, poétique et sublime, son style s’avère, dans toutes les parties de l’œuvre, époustouflant et incroyablement travaillé. Le lecteur se trouve bercé par ce lyrisme qui sait se faire léger et poétique à la fois, et emporté par une écriture riche en images qui le pénètre et anime sa sensibilité.
Enfin, « Bakhita » promet un moment de lecture particulièrement fort et inoubliable. C’est, par excellence, un roman puissant sur une héroïne formidable malgré elle, et un témoignage poignant sur les abominations des deux siècles derniers. C’est en cela qu’il est d’ailleurs un coup de cœur… C’est en cela qu’il est le joyau de cette rentrée littéraire : une véritable réussite !
         
Guilda GHAJAR
Université de Balamand



Alice ZENITER

L’art de perdre

Éd. Flammarion, 2017 (506 p.)





Passer maître dans l’art de perdre*



« Avec ses amis, Naïma a élaboré une théorie selon laquelle les gens peuvent être regroupés en deux tribus, celle de la Tristesse et celle de la Colère – et qu’on ne leur dise pas qu’il existe des gens heureux, ça ne compte pas : c’est quand le bonheur s’arrête qu’ils sont reconnaissables, qu’on voit leur vérité. » Naïma fait partie de la troisième génération d’une famille de descendance algérienne dont le bonheur s’arrête quand ils sont obligés de quitter l’Algérie et d’immigrer en France à l’été 62 suite à l’Indépendance de l’Algérie. Ali, son grand-père, est contraint à quitter l’Algérie pour sauver sa peau et celle de sa famille, car il est accusé d’être contre l’indépendance et d’assister les français pendant la guerre d'Algérie. C’est ainsi qu’il est traité de harki – une appellation qui désignera pour toujours son statut et celui de leur descendance. Dans la première partie du roman, L’Algérie de Papa, on suit l’histoire d’Ali, ancien soldat de l’armée française lors de la Deuxième Guerre mondiale, pendant les années 1950, durant lesquelles il vit une vie de propriétaire terrien et de père de famille kabyle assez respectueux. Dans la deuxième partie, La France froide, il se réfugie avec sa femme et ses enfants dans une France peu accueillante, on les installe dans un camp de réfugiés. Hamid, son fils aîné, quitte sa famille après quelques années pour entamer une autre vie dans sa nouvelle patrie et se marie avec la Française Clarisse. La troisième partie, Paris est une fête, suit l’histoire de Naïma, partie à la recherche de son identité perdue,  une identité dont elle a hérité, mais qu’elle connaît si peu.

De la même descendance franco-algérienne que son héroïne, Alice Zeniter, 31 ans, nous rapporte avec un style raffiné plein de détails factuels historiques, sociologiques et mythologiques cette quête d’identité. Il ne fait pas de doute qu’elle a fait de nombreuses recherches afin d’écrire ce roman qui investit les deux côtés de la Méditerranée, à travers 60 ans. Certes, elle emprunte des détails à sa propre vie, mais son champ de vision est si vaste que chaque membre d’une famille de ces immigrés pourrait s’y identifier.   

C’est une histoire assez connue pour beaucoup d’Iraniens qui ont fui leur pays après la révolution de 1979. Il existait bien sûr des royalistes qui pensaient que ces événements étaient une feinte du Shah et croyaient qu’il serait bientôt de retour : « C’est une feinte de De Gaule, dit Ali à ses frères. Ils ne lâcheront jamais l’Algérie : […] militairement ils dominent tout. Le FLN prend ses rêves pour des réalités. » Il y avait leurs enfants qui avaient passé leur enfance et/ou leur adolescence en Iran et n’avait gardé qu’une belle image du pays, entremêlée aux souvenirs nostalgiques et aux échos des contes de fées. Mais ils passeront leur vie à se chercher une nouvelle identité dans un pays qui n’est pas leur pays natal. « La guerre leur a fait tomber une nuit sur le regard qui a sorti leur visage de l’enfance d’un coup. Hamid rêve d’y retourner – pour lui, le territoire perdu, c’est l’insouciance plutôt que l’Algérie. » Finalement, la troisième génération, étant née dans le nouveau pays et n’ayant jamais vu le pays d’où elle est originaire, se trouve prise entre deux feux : soit elle concède au fait qu’elle est différente du reste de sa famille, soit elle est contrainte à chercher son identité dans le passé. C’est le cas de Naïma : « Pourtant, si l’on croit Naïma, l’Algérie a toujours été là, quelque part. C’était une somme de composantes : son prénom, sa peau brune, ses cheveux noirs, les dimanches chez Yema. Ça, c’est une Algérie qu’elle n’a jamais pu oublier puisqu’elle la portait en elle et sur son visage. »

Dans ce roman, les personnages sont constamment confrontés à la barrière de la langue. Dépaysés, ils cherchent à s’exprimer dans un idiome qu’ils ne maîtrisent pas : « Ali et Yema regardent l’arabe devenir langue étrangère pour leurs enfants, […] le français qui vient truffer la surface des paroles. Ils voient l’écart qui se creuse et ils ne disent rien, à part – peut-être – de temps en temps, parce qu’il faut dire quelque chose : – C’est bien, mon fils. » Pourtant, A. Zeniter réussit à nous communiquer par une langue universelle ce que c’est que d’être déraciné et comment le sentiment d’être à la recherche de l’identité de soi change la perception des choses. En somme, un beau roman, à lire sans aucun doute.        

*inspiré par le poème d’Elizabeth Bishop d’où est tiré le titre du livre



Parham ALEDAVOOD

Université de Téhéran





François-Henri DÉSÉRABLE
Un certain M. Piekielny
Éditions Gallimard, 2017  (259 p.)



Un personnage de l'imagination



Un certain M. Piekielny est un roman de François-Henri Désérable combinant plusieurs genres : nouvelle, récit biographique, correspondance. Il est paru en 2017 aux Éditions Gallimard. L'histoire met en scène trois personnages principaux : M. Désérable, l’auteur, dans le rôle de l'enquêteur et M. Romain Gary, qui est à la source de cette histoire. L'histoire elle-même est inspirée du célèbre roman La Promesse de l'aube, œuvre autobiographique primée autrefois au Goncourt. Enfin, un troisième personnage fictif complète le trio, le fameux M. Piekielny.



L'histoire se passe à Vilnius, ville de Lituanie où vivait une importante colonie juive. Roman Kacew, qui n'est qu'autre que Romain Gary, promet alors qu’il est jeune à son voisin, un certain M. Piekielny, que quand il sera grand, connu et célèbre, il parlera de lui aux grands de ce monde. Et c'est ce qu'il fera une fois devenu adulte, diplomate, et écrivain deux fois Prix Goncourt, avec notamment La Promesse de l'aube où il parle de Piekielny.



François-Henri Désérable quant à lui, découvre cette histoire en lisant le roman de Romain Gary dans un train. Son roman, Un certain M. Piekielny, rebondit sur La Promesse de l'aube. Intrigué par ce M. Piekielny, il décide de se lancer dans une enquête à sa recherche.



Ce roman présente un intérêt littéraire évident, car il décrit de manière romancée et sur le ton de la narration la vie des Juifs de Vilnius. Une vie misérable que cet auteur réussit pourtant à nous rendre plus douce par son style d'écriture léger et romancé.

Il en arrive à la conclusion que ce M. Piekielny, très représentatif de la communauté juive de Vilnius, est en réalité un personnage fictif né dans l'imagination du talentueux Romain Gary.



Samaher Zuhair AL-AROKI
Département de Français
Université Al-Aqsa


Alexis RAGOUGNEAU
Niels
Éd. Viviane Hamy, 2017 (356 p.)


Niels



La Deuxième Guerre mondiale a conduit le Danemark à participer à la lutte armée contre l’occupant nazi. Alors que la guerre est finie en 1945, Niels recoit un courrier avec une page du journal Le Parisien libéré dans laquelle il lit une information relative à un homme de théâtre qui s’appelle Jean- François Cannonier. Cet ami est inculpé d’intelligence avec l’ennemi et passible du poteau d’exécution. Il décide par la suite d’enquêter à Paris pour comprendre comment son ami intime a pu être condamné pour des pièces de théâtre complaisantes.

En France, Jean-François a usé, en tant qu’homme de théâtre, de certains mots pour traduire sa position et tenter de survivre.

C’est un roman très intéressant, où sont emboîtées des scènes de théâtre. Au départ, cette structure est déconcertante mais le mélange est très bien effectué et apporte du rythme au récit. En tant que lectrice, j’ai cependant eu plus de mal avec l’Acte 3, avant de voir mon intérêt se renouveler dans la dernière partie. Il faut reconnaître que le sujet du roman est bien traité : la différence entre Niels, le résistant, et son ami « collabo » est réaliste et pose la question de savoir jusqu’où peut aller l’amitié…

J’ai beaucoup aimé le début du roman ; on y découvre un traitement original des thèmes de l’honneur, de l’amitié, de la résistance. Le sens de la libération et de la création artistique y est questionné. De plus, de nombreux aspects sont traités, comme l’aspect politique et militaire, mais aussi la composante littéraire de l’art, le versant historique et même la portée romantique des événements.

Mais ces événement sont aussi pourvus d’une dimension tragi-comique. Le lecteur peut lire plusieurs dialogues, avec parfois un certain statisme. Il existe un petit passage émouvant : c’est lorsque Niels veut partir à Paris et laisser Sarah seule. En somme on y lit le talent de cet auteur de théâtre qu’est Alexis Ragougneau, et cette composante dramaturgique fait que le texte nous entraîne à travers des événements attachants.
Hadeel Ali QUFFA
Département de Français
Université Al-Aqsa
 

Alice ZENITER
L’art de perdre
Éd. Flammarion, 2017 (506 p.)



 L’art de faire ressurgir un pays du silence

L’Art de perdre, c’est l’histoire d’une famille algérienne rapatriée en France. À travers les trois parties du roman, « L’Algérie de Papa », « La France froide » et « Paris est une fête », l’auteure fait voyager ses lecteurs de l'Algérie coloniale à la France d'aujourd'hui.
La trame des événements déroule pour nous le parcours de trois générations d’une famille kabyle, et ce à travers trois personnages : Ali, Hamid et Naïma. En raison de son engagement dans les rangs de l'armée française pendant la Seconde Guerre mondiale, Ali doit quitter l’Algérie avec sa famille. L’histoire du départ de cette famille sert de prétexte à l’auteure pour raconter l'histoire des harkis et de leurs familles. Ils passent ainsi une vie tumultueuse et triste dans ces camps de harkis. À travers cette représentation, l’auteur informe ses lecteurs sur une tranche de l’Histoire et les non-dits de la guerre d'Algérie. Elle nous fait partager la vie et les souffrances de ces immigrés. En employant le présent, elle rend actuelle et plus concrète sa représentation. De fait, sa plume peut être considérée comme une arme pour lutter contre les tares de la société : « Ceux qui veulent assez fort le pouvoir pour l'obtenir, ce sont ceux qui ont des egos monstrueux, des ambitions démesurées, ce sont tous des tyrans en puissance. » À travers son écriture, elle peut dès lors inciter ses lecteurs à une prise de conscience des tares du monde et les pousse à s’engager dans la lutte contre la violence et l’injustice sociale.
En effet, par le détour de cette fiction, A. Zeniter a essayé de sonder les rapports humains et la question de l’identité. C’est avec un style tantôt musical tantôt brutal qu’elle aborde, dans son dernier roman, les thèmes de la guerre, la colonisation, la question de l’engagement, l’immigration forcée, la filiation, l’héritage, la crise identitaire et la quête des racines.
Elle montre ainsi comment Ali, qui est le représentant des Harkis, porte avec lui, toute sa vie, ce statut de Harki. Ali et sa famille deviennent de fait prisonniers de leur passé. Ils doivent cacher ce passé et rompent ainsi avec leur pays et leur langue maternelle. Ali et sa femme, Yema, constatent que l'arabe est devenu pour leurs enfants une langue étrangère. Il se creuse ainsi un écart considérable entre ce qu’ils étaient et ce qu’ils sont dans ce pays étranger, qui est devenu comme le pays d’origine de leurs enfants. C’est ainsi que l’Algérie n’est, pour Naïma, leur petite fille, qu’« une toile de fond sans grand intérêt ».
Naïma est heureuse à Paris et vit dans l’ignorance de ses origines, elle ne comprend même pas la langue de sa grand-mère. C’est seulement à la suite des attentats de 2015 qu’elle décide d’établir un lien avec son pays d’origine :
« Est-ce qu’elle a oublié d’où elle vient ? »
C’est ainsi qu’elle commence un voyage dans le temps en allant à la rencontre de ce que son père fuyait en gardant le silence, un silence de honte. Après un débat intérieur, Naïma décide de quitter la France et de retourner en Algérie pour savoir qui elle est. Ainsi, à la suite de Naïma, l’auteur fait voyager ses lecteurs en Algérie, à Tizi-Ouzou et sur la crête où tout a commencé, du côté de Lakhdaria. De cette façon, l’auteure fait connaître à ses lecteurs non seulement l’histoire de la guerre d’Algérie, mais aussi les diverses traditions d’un petit village algérien.
Cette démarche de Naïma pour trouver son origine pourrait être considérée comme une tentative pour conquérir sa liberté, la liberté d’être soi, d’avoir une identité désentravée de toute contrainte.
Ce qui montre l’habilité de l’écrivain, c’est qu’elle a abordé une question d’actualité : la question de l’identité et le phénomène de l’immigration forcée, à travers une tranche de l’Histoire de l’Algérie, rendant ainsi utile et effective son influence sur les lecteurs.


Zahra HAJIBABAIE
Université de Téhéran



Alexis RAGOUGNEAU
Niels
Éd. Viviane Hamy, 2017 (356 p.)


Un conte héroïque, sombre et humoristique
Cette histoire commence en 1945, alors que le Danemark annonce sa libération. Niels Rasmussen est un ex-saboteur danois avec un passé mystérieux. Après avoir appris que son « frère de cœur » est en danger, il décide de partir en France pour lui sauver la vie en laissant derrière lui sa femme Sarah qui attend un enfant.
Tout d'abord, le style d'écriture est attachant. Il y a du suspense dans le roman, un peu d'action, des moments tristes et d'autres joyeux, et même une part de comédie. En outre, c'est une histoire qui parle avec passion de problèmes comme la liberté d'expression et du fait de juger la vie des autres sans avoir risqué la sienne.
Pourtant, j’avoue ne pas être complètement sous le charme de ce roman. Le début est prenant et captivant. L’irruption du théâtre dans certains passages a engendré un plaisir de lecture inattendu. Toutefois, après l’Acte I, l'histoire se ralentit quelque peu mais elle repart de plus belle grâce à un retournement de situation choquant qui m’a marqué.
Par ailleurs, j'ai l'impression que certaines informations liées au passé de Rasmussen n'ont pas été assez détaillées ni expliquées... Cela a laissé quelques parties de l'histoire plongées dans une opacité un peu déroutante.
La fin a failli me retenir, mais la déception était tout de même au rendez-vous, car le roman laisse des questions sans réponse. De plus, il m’a semblé que Sarah, la femme de Niels, est un personnage sous-exploité dans l’intrigue.
Pour finir, cette histoire vaut vraiment d’être lue malgré tout. Le concept et le contexte sont formidables mais l'exécution laisse à désirer.

Musab MASRI
Département de Français
Faculté des Lettres
Université de Khartoum



Véronique OLMI
Bakhita
Éd. Albin Michel, 2017 (456 p.)



« Elle ne sait pas comment elle s’appelle »

Et qui parmi nous oublie son prénom ? Nommée Bakhita, cette personne  est une sainte qui a réellement existé, mais qui est aussi le protagoniste du roman de Véronique Olmi. L’auteure a découvert inopinément son histoire durant sa visite dans une église et a été également attirée par l’oubli de son nom. C’est pourquoi elle commence à faire des recherches pour glaner plus d’informations jusqu’à ce qu’elle arrête toute autre écriture pour se consacrer à ce roman.
Bakhita, « la Chanceuse », est une Soudanaise qui a été réduite en esclavage à 5 ou 7 ans (parce qu’elle ne connait pas son âge). Cette petite fille traumatisée a pu surmonter, bien qu’elle ait été face à un monde assez nouveau et terrifiant, tous les obstacles notamment sa perte d’identité, la discrimination et les abus sexuels qu’elle a subis, la faim, l’insomnie, la peur de mourir… Ces barricades ont déjà été franchies avant même la rencontre de Dieu qui est en fait une rencontre bouleversante de sa vie. En effet, elle supplie son dernier maitre de la prendre avec lui en Italie où elle va faire la connaissance d’un des amis de son maitre qui est un chrétien pratiquant. Elle découvre ainsi Dieu grâce à lui et à son séjour dans le couvent. Ce roman qui est formé de deux grandes parties est un livre passionnant, réaliste, religieux et surtout didactique. Il est effectivement instructif vu qu’il informe tout d’abord sur l’histoire d’une Sainte au XIXème siècle en décrivant l’état des esclaves. Puis, il permet au lecteur de découvrir les trois vertus théologales du christianisme : Foi, Charité, Espérance. De même, il souligne que la réponse aux traumatismes vécus est l’Amour et non pas la violence, ce qui est malheureusement inhabituel même au XXIème siècle.   
Le style rapide et saccadé valorise tous ces événements soigneusement relatés par V. Olmi, même si la syntaxe brève et nominale domine dans le roman. Le récit de cet apprentissage est basé sur la description mais il est aussi marqué par un lexique péjoratif dominant dans la première partie, qui  transcrit les scènes d’attaque et de souffrance. C’est ainsi que le lecteur imagine en détails une scène qui peut être choquante.
À la fin de son histoire, Bakhita se rappelle de tout sauf de son prénom. Est-ce à cause du refoulement des traumatismes ? Ou parce qu’elle voulait mener une vie nouvelle sans discrimination ?
Peut-être en lisant, chacun de nous donnera une réponse différente.


Karen KHOURY
                            Département de Lettres Françaises
Université Saint-Joseph



Olivier GUEZ
La disparition de Josef Mengele
Éd. Grasset, 2017 (231 p.)



L’instinct de survie

La vie est un conflit constant pour vivre ou pour survivre.
Josef Mengele a choisi pour sa part de maintenir sa vie en obéissant au commandant qui lui a réclamé d'aller dans un camp de concentration pour effectuer des opérations médicales sur les prisonniers. Il y a commis des crimes contre l'humanité, ce dont il s’est justifié face à son fils lorsque ce dernier lui a demandé ce qu'il a été faire à Auschwitz.
Quand j'ai lu cette partie, j'ai hésité quant au jugement que je pouvais porter sur Mengele. Est-il un monstre ? On peut se poser la question à la lecture de tous ses crimes contre l'humanité. Mengele a en effet considéré les Juifs comme des rats de laboratoire et il a tenté de les dépouiller même de leur âme d’être humain. Ils étaient pour lui les équivalents de moustiques qui font mal aux gens et qui causent des maladies.

Olivier Guez a choisi avec pertinence l'histoire de Mengele pour sonder les sentiments de la personne qui fuit après avoir commis des crimes, avec la peur au ventre et la nécessité de se masquer derrière divers pseudonymes. Mengele a souffert d'anxiété et d’instabilité. Il s'est éloigné de sa famille, de sa maison et de sa patrie. Il a caché son nom et sa nationalité et même son ancienne fonction. Il a dû travailler comme manutentionnaire et fermier. Aussi sa vie a-t-elle radicalement changé après ses opérations à Auschwitz.

Tous ces événements apparaissent alors comme une petite punition pour tous les crimes perpétrés. Mengele était une personne égoïste, ne pensant jamais qu’à lui-même, et se protégeant même au prix de la vie des autres. Au fond, il n'a jamais aimé que lui-même. Peut-être est-ce dans la nature des êtres humains que de pouvoir se conduire ainsi mais ce qui est certain, c’est que l’accomplissement de ces opérations a certainement dépouillé cet individu de son humanité et de ses sentiments de miséricorde.

Josef Mengele était médecin. Il ne pouvait pas nier sa passion pour la découverte des maladies et pour l’autopsie des cadavres. Il a cependant laissé derrière lui ses crimes et la colère des Juifs ainsi que leur désir de vengeance.

Isra Ata AL-MANNANE
Département de français
 Faculté des Lettres
Université de Khartoum


Olivier GUEZ
La Disparition de Joseph Mengele
Éd. Grasset, 2017 (240 p.)

Mengele ou le Caïn du XXe siècle

« Méfiance, l'homme est une créature malléable, il faut se méfier des hommes » (p. 233)

La Disparition de Josef Mengele est un récit composé par Olivier Guez, journaliste, essayiste et écrivain français né à Strasbourg en 1974. Il a suivi des études dans le domaine des relations internationales et des sciences politiques. Travaillant pour plusieurs journaux internationaux comme le New York Times, Le Monde et Libération, pour ne citer que quelques-uns, O. Guez a mené des enquêtes et des reportages sur l’Europe centrale, l’Amérique latine, le Moyen-Orient, l’Union européenne, etc. Sa formation et son parcours professionnel expliquent les informations historiques dont foisonne son roman. D’ailleurs, cet intérêt pour l’histoire transparaît dans certains de ses ouvrages antérieurs comme La Chute du Mur écrit en collaboration avec Jean-Marc Gonin et L’Impossible retour, une histoire des Juifs en Allemagne depuis 1945 qui a obtenu le Prix du meilleur livre d’histoire et de recherche juives en 2007.

Dix ans après la publication de ce livre, Olivier Guez nous offre La Disparition de Joseph Mengele. Cet ouvrage relate la biographie de Josef Mengele, le médecin-diable qui a effectué des expérimentations génétiques sur des déportés – dont la plupart étaient juifs – dans le camp d’Auschwitz avec une brutalité voire une barbarie qui a dépassé toutes les limites. Ses crimes lui ont valu le surnom de « l’Ange de la mort » ou encore l’appellation : « l'homme qui a collectionné les yeux bleus ». Après la Seconde Guerre mondiale et la défaite du régime nazi, il s’est évadé d’Allemagne pour rejoindre l'Amérique du Sud sous un pseudonyme. Il s’est installé en Argentine, pays qui lui a ouvert les bras et lui a permis de faire fortune. Toutefois, traqué par les autorités allemandes et argentines, ainsi que par le Mossad, il s’est réfugié au Brésil où il a mené une vie de misère. L’errance est donc une idée-clé dans le roman, et une comparaison peut y être faite entre Mengele et Caïn dans la mesure où tous les deux ont été chassés de leurs paradis après avoir tué.

Bien qu’il s’agisse d’une biographie, l’auteur a choisi la forme du roman pour raconter l’histoire de Joseph Mengele car ce genre littéraire lui permet d’imaginer les sentiments que pourrait éprouver son personnage dans telle ou telle situation, comblant ainsi certaines lacunes d’ordre psychologique et dévoilant les « zones d’ombre » qu’une biographie ne pourrait éclaircir.

Mais en racontant l’histoire de Mengele, Olivier Guez raconte également l’histoire d’une époque, celle qui a suivi la Seconde Guerre mondiale. L’auteur nous plonge de fait dans un livre d’histoire dont les pages prennent vie à mesure qu’elles sont racontées et vécues par le héros. Le lecteur est frappé par la vérité historique qui caractérise ce roman. D’ailleurs, l’auteur a ajouté à la fin du livre la liste des ouvrages qu’il a consultés pour écrire ce chef-d’œuvre.

Outre la relation des événements historiques et la description des atrocités commises par les nazis, l’auteur aborde des thèmes importants. Ainsi met-il en évidence le rôle crucial que jouent les médias et le cinéma dans la société. En effet, c’est grâce à ces derniers que le monde a pris conscience des crimes perpétrés par le régime nazi contre l’humanité et contre les Juifs en particulier. Fidèle à sa carrière d’écrivain, Olivier Guez souligne le rôle cathartique de l’écriture. Celle-ci permettait à Josef Mengele de se libérer temporairement des sentiments négatifs qui l’animaient, comme la peur et le désespoir, en rédigeant un journal intime, activité grâce à laquelle il décompressait. Un autre thème apparaît en filigrane dans le roman d’O. Guez, à savoir l’importance de l’éducation et le rôle crucial que l’instruction joue dans le développement des pays.

Quant au style d’Olivier Guez, il se caractérise par la précision qui épouse le réalisme avec lequel l’écrivain retrace la vie de Mengele et décrit le contexte historique où il a vécu. Les mots allemands et espagnols qui émaillent le roman donnent au lecteur l’impression d’être lui-même en train de suivre Mengele dans ses voyages. Il est vrai que le roman est jalonné de passages cruels mais ils sont compensés par des passages poétiques décrivant la nature et les moments de bonheur que Mengele a vécus avec sa seconde femme. 

Véridique, précis, cruel mais aussi poétique, tels sont les mots qui pourraient décrire ce roman qui relate la vie d’un homme condamné à l’errance. Cette âme tourmentée trouvera-t-elle un jour la paix et la sérénité ? Il faut lire le roman pour connaître la réponse à cette question.


Shahenda EL HALAWANY
Département de Langues et de Littérature françaises
Faculté des Lettres
Université d’Alexandrie


Olivier GUEZ
La Disparition de Josef Mengele
Éd. Grasset, 2017 (231 p.)

Il est médecin, mais…

« Le bonheur n’est que dans ce qui agite, et il n’y a que le crime qui agite ; la vertu… ne peut jamais conduire au bonheur » écrit Sade. Or ce genre de bonheur est propre à une figure historique remarquable surnommée « L’Ange de la mort ». De la médecine au crime... C’est la vie du médecin allemand Josef Mengele. En effet, durant la Deuxième Guerre mondiale, les victimes ne sont pas seulement celles de la guerre mais aussi celles des camps de concentration d’Auschwitz. Des milliers de Juifs y subissent les expérimentations des médecins nazis. Des jumeaux, des nains, des enfants, des femmes… sont les victimes de Mengele, qui pratique sur eux ses expérimentations violentes comme les amputations, les injections de produits chimiques, les transfusions sanguines entre jumeaux… C’est de cette manière qu’il manifeste sa passion pour la médecine.
Mais que va faire l’Allemagne avec tous ses criminels après la guerre ? Ce sujet est traité par Olivier Guez dans son roman La Disparition de Josef Mengele, dans lequel il mène une enquête pour en savoir plus sur la vie de Mengele après la Seconde Guerre mondiale et pour retracer cette vie à travers la forme romanesque.
Olivier Guez est un journaliste et écrivain français né en 1974 à Strasbourg. Il a déjà fait paraître un roman intitulé Les Révolutions de Jacques Koskas et a reçu en 2016 le prix allemand du meilleur scénario pour le film Fritz Bauer, un héros allemand.
Le roman La disparition de Josef Mengele raconte la vie de ce médecin criminel après la guerre. Caché sous divers pseudonymes et en fuite dans plusieurs pays, Mengele peut faire le tour du monde juste pour se cacher et échapper aux poursuites de l’Armée rouge et d’autres... D’Allemagne, il part pour l’Italie, avant d’aller en Argentine, ensuite au Paraguay et enfin à Sao Paulo au Brésil. C’est un long trajet, mais pas pour un criminel qui essaye de sauver sa vie et de commencer une nouvelle vie avec une nouvelle identité dans un nouveau pays. À chaque fois qu’il croit que tout va s’arranger et que la poursuite des criminels de la guerre est terminée, son vrai nom est dévoilé, ce qui l’oblige à changer à nouveau son identité et à fuir. Entre fuite et changement de nom, Mengele réussira-t-il à vivre dans la sérénité ? Dans quelles conditions vivra-t-il ? Restera-t-il connu sous un autre nom ? Comment sera sa fin ?
Avec un style plein de suspense et des phrases dédiées à la description de l’état psychique de Mengele, O. Guez va nous retracer le parcours agité de Mengele et l’alternance de son état psychique entre stabilité et instabilité. Le style de l’auteur évolue en fonction de l’état psychique de Mengele. Ainsi, lorsqu’il décrit son état stable, les phrases seront plutôt courtes et lapidaires, comme dans cet extrait : « Ce 22 juin 1949, Helmut Gregor a gagné le sanctuaire argentin » (p.16). Mais quand l’auteur parle de son état instable, le rythme suit la modulation inquiète et devient plus heurté, investissant des phrases longues et un vocabulaire affectif pour souligner l’intensité de cet état : « Les yeux rouges, exorbités, il hurle, comme un fou, un loup enragé, comme à Auschwitz, lorsqu’il découvrait des jumeaux sur la rampe, Martha ne le connaît plus, renonce à s’approcher, il jette les couverts, les verres, un bougeoir, tout ce qui se présente à lui, puis grimpe dans leur chambre, fourre quelques affaires dans un sac de sport, des liasses de billets, son passeport, se précipite dans sa voiture et démarre en trombe sans un regard pour elle. » (p.94, 95)
Dans ce roman structuré en deux parties, « Le Pacha » et « Le Rat », et un épilogue sous le titre de « Le Fantôme », O. Guez se fait enquêteur qui fouille dans le passé de Mengele pour aller au-devant de la vérité et comprendre ce qui s’est passé avec lui après la guerre. Mais pourquoi utiliser la forme romanesque pour raconter des faits que les livres d’Histoire peuvent par ailleurs nous rapporter ? Est-ce dans le but de restituer le psychisme agité de Mengele ? Qu’est-ce que peut nous apporter la forme romanesque de plus que les livres d’Histoire ? En lisant le roman, les réponses à ces questions montrent le pouvoir de la forme romanesque.
Enfin, ce roman est une source de savoir parce qu’il pousse le lecteur à se poser des questions et à réfléchir sur de nombreux aspects réels comme l’appartenance aveugle à un parti, le statut de la société face aux crimes, l’influence de la guerre sur les êtres humains, l’engagement et le but de l’engagement dans la guerre… Aussi la forme romanesque apporte-t-elle aux thèmes historiques des caractéristiques nouvelles. Elle constitue un cadre artistique privilégié à travers lequel les thèmes se présentent dans la plus sublime manière avec un style unique. En définitive, la forme romanesque est une fresque riche sur tous les plans et à travers laquelle l’auteur s’exprime librement.

Sarah RAWAS
Département de Lettres Françaises
Université Saint-Joseph






Monica SABOLO

Summer
Éd. Jean-Claude Lattès, 2017 (160 p.)



L’Écume des secrets
« Une vie infinie, parfaitement linéaire, une vie qui ressemberait à un long corridor blanc, dans lequel on progresserait sans jamais avancer, sur un tapis roulant éclairé par un néon plus blanc encore », telle était la vie de Benjamin Wassner, un jeune homme de trente-quatre ans, qui se plonge dans une enquête, à la recherche d’une réalité enfouie sous l’eau. Embarqué dans une vie paralysée et solitaire, il réalise qu’il doit retourner là où tout a commencé. Alexia, Coco, Jill, Summer et lui jouaient à cache-cache au bord du lac Léman, lorsque subitement, sa sœur, cette adolescente « à comportements à risques », s’évapora dans la clarté de l’été.
« J’écris toujours sur l’adolescence, période de forte vulnérabilité, de métamorphoses, d’émotions exacerbées, la sensation que tout le monde nous regarde, nous trouve bizarre », affirme Monica Sabolo interviewée par Sarah Lasry. Couronnée par le Prix de Flore en 2013 avec son premier roman Tout cela n’a rien à voir avec moi, elle façonne Summer, un roman psychologique, poétique et bouleversant, hanté de mystères et de fantômes.
Après la disparition de Summer, un lourd silence a régné sur la vie familiale. Le vernis social qui étouffait les émotions s’est écaillé, l’édifice de papier qui constituait leurs existences s’est effondré et le monde cruel a néanmoins poursuivi sa route, indifférent aux souffrances de la famille. Benjamin, le membre de la famille le plus inoffensif et peut-être le plus insignifiant, passait alors de longues journées à penser à sa sœur enfoncée dans les herbes, fondue dans la forêt, devenue un nuage de lumière et de vide.
Dans la majorité des 316 pages constitutives de ce roman, Benjamin, le jeune homme tourmenté par les rêves et les souvenirs, narre suivant le regard d’un enfant qui a refoulé tous les secrets incompréhensibles de sa famille. Après vingt-quatre ans, il tente de décrypter les mystères du surmoi  (parents, société bourgeoise), pour pouvoir analyser son ça représenté par l’eau stagnante du lac. Et cela en vertu du fait que rien n’arrive jamais au hasard, que tout est interdépendant et doit être expliqué. Il finit alors par comprendre que Summer « n’était nulle part ailleurs qu’à l’intérieur de [lui] ».
Les expressions poétiques, sensuelles et métaphoriques scintillent au milieu du champ lexical aquatique qui réfléchit l’obscurité des eaux et leur tristesse indicible. Le voile des apparences est déchiré par l’écriture tranchante qui dévoile les dérèglements et la complexité d’une famille huppée, caractérisée par une féminité légère et fragile. On se demande pourtant comment une mère peut être capable de vivre sans sa fille adorée. Quelles causes rationnelles poussent-elles donc les parents à dissimuler les secrets à leur fils? En dépit de la violence reçue du père, qu’est-ce qui incite une jeune adolescente à fuguer ? Et enfin, est-ce que réellement on ne sait pas pourquoi les gens agissent de la manière dont ils agissent ?

Batoul GHADDAR
Département de Lettres Françaises
Université Saint-Joseph


 
François- Henri DÉSÉRABLE
Un certain M. Piekielny
Éd. Gallimard, 2017 (259 p.)

Un certain M. Piekielny

Pendant son enfance, Roman Kacew ou Romain Gary avait un voisin qui s’appelait M. Piekielny et qui était comme ''une souris triste''. Devenant écrivain, Romain Kacew n'a jamais oublié ce M. Piekielny et l’a même évoqué dans son œuvre La Promesse de l’aube.
Le héros, François-Henri, est bloqué par hasard à Vilnius, la ville où vivaient Romain Gary et son voisin M. Piekielny. Commence alors une enquête à la recherche d'un certain M. Piekielny. Les hypothèses sur l'identité de Piekielny se succèdent tout en dévoilant progressivement les secrets de la vie de Romain Gary.
Mais M. Piekielny a-t-il vraiment existé ou bien n’est-il que le produit de l'imagination de Romain Gary? C’est au lecteur de trouver la réponse à cette question. 

François-Henri Désérable est né le 6 février 1987 à Amiens en Picardie. C’est un écrivain qui est un ancien joueur de hockey. Il a étudié les langues et le droit et, à l’âge de 18 ans, il a commencé sa carrière d’écrivain.
Il a été influencé par la guerre et inspiré par Romain Gary sur le plan intellectuel et professionnel.

François-Henri Désérable est un bon conteur, il joue au chat et à la souris avec son lecteur pour l'entraîner dans sa quête. Le roman comporte des illustrations intéressantes comme les photos, la lettre et le registre. De même, il a une imagination féconde et un style séduisant qui aide le lecteur à “voir” ce qu'il raconte.

Un Certain M. Piekielny est ainsi un roman qui mérite d’être lu. Ses personnages mystérieux susciteront votre curiosité, l'enquête menée par son héros vous aidera à vous découvrir vous-même et vous suivrez pas à pas le chemin parcouru par Francois-Henri à la recherche d'un certain M. Piekielny. 

Mariam ABDELMESSIH & Lojayna MOSTAFA
Département de Langues et de Littérature françaises
Faculté des Lettres
Université d’Alexandrie





Monica SABOLO
Summer
Éd. J.-C. Lattès, 2017  (316 p.)


Un fantôme nommé Summer

La famille est le noyau de la société et c'est à elle que revient la responsabilité de prendre soins des individus. Si l'on a des familles correctes, le résultat devrait forcément être une société parfaite. Même si l’on ne peut pas atteindre la perfection, au moins cette société-là aurait de moindres problèmes et presque pas de situation dramatique à affronter.
Dans son troisième roman, Summer, il semble que Monica Sabolo a voulu nous livrer un message sur l'importance de la famille. Le roman commence par la disparition de Summer, la sœur unique de Benjamin et son aînée.
Lors d'un pique-nique avec ses copines, la jeune fille s'évapore pendant une partie de cache-cache, et ce sous le regard de Benjamin. Celui-ci ne s’en remettra pas puisqu'il l'a vue marcher devant lui juste avant de disparaître dans les fougères. Une investigation va suivre le cas de cette disparition mystérieuse autour du lac Léman près du domicile de la famille Wassner, une famille où Benjamin souffre d'être marginalisé par son père et sa mère au profit de la blonde, sportive et prometteuse Summer. Dans cette famille, il n’est au courant de rien et personne ne lui parle puisque il n'est ni sportif, ni beau – en somme, il n'est pas comme Summer. À force d'être marginalisé, il ira même jusqu’à penser qu'il a été adopté. Même à l'école, on lui pose cette question lorsqu’on le voit avec sa sœur, belle et rayonnante comme sa mère : « tu es sûr que tu n'es pas adopté ? » Aussi Benjamin consulte-t-il des psychiatres à cause de la dépression dont il est victime à la suite de la disparition de Summer. Vingt-cinq ans après, il essayera de découvrir les secrets de sa famille. C’est une amie de sa mère qui lui révèle un petit bout de la vérité. La nouvelle lui tombe dessus comme la foudre, ce qui lui rappelle ce qu'il voyait à la maison avant la disparition de sa sœur, ces choses qu'il taisait pour sauvegarder les apparences de cette famille qui semblait heureuse jusqu’à ce qu’advienne la disparition de Summer. Il décide alors d’en savoir plus. Le policier qui conduit l'enquête lui livrera un autre secret plus étonnant encore, mais je vous laisse le plaisir de le découvrir par vous-mêmes par la lecture de ce roman magnifique.
Summer nous rappelle l'œuvre du grand écrivain norvégien Ibsen et plus précisément sa pièce Les revenants où les enfants répètent les mêmes fautes que leurs parents.
Le suspense reste entier jusqu'à la fin avec un style parfait et une écriture sublime, donc à découvrir absolument.
Abubakr SALMAN
Département de français
 Faculté des Lettres
Université de Khartoum


Véronique OLMI
Bakhita
Éd. Albin Michel, 2017 (456 p.)


Un ange victime de la bêtise humaine

L’histoire de Bakhita débute dans les années 1960 avec une petite fille de la tribu Dajou, tellement noire qu’elle ressemble à la nuit. Après avoir été enlevée à sept ans par des ravisseurs inconnus, elle est vendue, achetée, puis à nouveau rachetée et revendue tout comme une pierre que l’on jetterait n’importe où. La petite fille tombe, par une chance miraculeuse, dans les mains du Consul italien au Soudan qui ensuite l’emmène en Italie où elle découvre une autre vie, différente de sa vie en Afrique.

L’écrivaine nous retrace une histoire décrivant la barbarie et la sauvagerie de l’esclavage que les Noirs ont subi à l’époque. Elle nous décrit les faits du récit d’une façon incroyablement structurée mais aussi très, et peut-être trop détaillée. Certains passages n’apportent en effet rien au récit.

Tout en lisant cette histoire bouleversante, j’ai été étrangement marquée par  certaines choses. Par exemple, par la façon dont Bakhita traite les petits, par sa méfiance et sa réticence à s’attacher aux autres parce qu’il y a cette séparation qui peut arriver à tout moment. J’ai aussi été touchée par sa gentillesse extrême, qui la conduit à baisser la tête en parlant aux autres, par son obéissance permanente aux ordres de ses maîtres, sa décision définitive de ne pas se marier en raison du simple fait qu’elle est noire, par l’oblitération définitive de son nom de naissance, par la façon dont elle vieillit et enfin, par sa mort inattendue. Ce sont tous ces moments qui m’ont ému et je n’ai pas réussi à maîtriser mes larmes qui ont à un moment donné brusquement coulé en abondance.

Le fait que les deux Guerres mondiales soient abordées dans le récit m’a considérablement aidée à le comprendre en profondeur. En plus, cela ma donné l’impression d’aller vers une fin dramatique et tragique.

Enfin et malgré la curiosité très poussée de l’écrivaine, l’histoire de Bakhita mérite néanmoins d’être découverte puisque c’est une réalité vécue.
Mohamed Yagoub HANAFI
Département de français
Faculté des Lettres
Université de Khartoum


Alexis RAGOUGNEAU
Niels
Éd. Viviane Hamy, 2017 (356 p.)


D’amour ou d’amitié
1945. Voilà la Seconde guerre mondiale achevée emportant une grande vague de traumatismes accablant tout un chacun. Après avoir déposé ses armes de résistant, Niels Rasmussen quitte précipitamment le Danemark pour Paris, laissant une femme au ventre  joliment arrondi, et ce afin de venir en aide à Jean-François Canonnier, un ami pris dans les tenailles des procès de l’épuration. Ce retour en France lui permettra d’accéder à une vérité amère et sanglante, celle de la rafle du Vel d’Hiv et des camps de concentration.
Dès les premières pages, le lecteur s’embarque dans une aventure périlleuse où s’entremêlent merveilleusement les genres littéraires en vue de produire un roman puissant et de rechercher une vérité encore obscure. Construite en saynètes théâtrales et narrations romanesques imbriquées, l’histoire met également en lumière plusieurs auteurs et dramaturges de l’époque qui s’affrontent verbalement, prenant la défense d’une littérature dénonçant vices et atrocités d’une période assez sombre et macabre de l’Histoire de l’Europe. 
Au gré des pages, le lecteur perd le fil conducteur et se sent toutefois exclu de l’histoire. L’originalité du style ne pardonne pas le trop-plein de dialogues et le statisme de plusieurs scènes qui ralentissent le cours des événements. Les nombreux passages explicatifs prennent le pas sur l’action et poussent le lecteur à se poser maintes questions : cette amitié liant Niels et Canonnier, mérite-t-elle autant d’efforts, de sacrifices et de dangers ? Ne supportant pas l’idée de ne plus être joué ni lu, Jean-François Canonnier sombre dans la folie pure de l’artiste et tombe dans les dénonciations les plus puériles.
Face à ce roman inhabituel, le lecteur ne peut s’empêcher d’éprouver des sentiments mitigés. Quand oserons-nous nous émanciper de cette Seconde Guerre Mondiale et nous concentrer sur les guerres psychologiques qui pèsent sur nos sociétés et notre génération ? Le passé ne s’effacera jamais mais il est grand temps de le laisser derrière nous et de canaliser nos esprits et nos énergies vers ce qui compte le plus : Le présent. À méditer…
Quoi qu’il en soit, santé « à la littérature et aux littérateurs »…

Nour SABA
Département de Langue et Littérature françaises
Faculté des Lettres
Université Saint-Esprit de Kaslik




Éric VUILLARD
L'ordre du jour
Éd. Actes Sud, 2017 (150 p.)


Les coulisses de l'Histoire
Dans un court récit, Eric Vuillard nous révèle un pan de l'Histoire européenne avec un effet littéraire qui aide à découvrir des détails invisibles.
En effet, Eric Vuillard met en lumière les années 1930, en cherchant à faire coïncider les dates avec la réalité historique pour la réussite de son œuvre.
Le roman est consacré à la lutte d'Hitler pour arriver au pouvoir et pour récupérer certains territoires voisins de l’Allemagne. Il commence par une rencontre avec certaines figures politiques à Berlin le 20 janvier 1933.
L'auteur nous montre la corruption des hommes du pouvoir en critiquant leurs actions et en essayant simultanément de dévoiler les non-dits de la Deuxième Guerre mondiale. Il nous pousse aussi à penser à des problèmes qui se posent  dans son pays et aux raisons possibles qui les suscitent. Il critique aussi le fait que l'argent joue un rôle capital : celui d’un élément essentiel du pouvoir qu’il faut toujours chérir.
Le roman se distingue par le fait de raconter une histoire en y ajoutant des pistes pour la rendre encore plus intéressante.

Alaa NADIR
Faculté des Lettres
Département de Français
Université de Khartoum


Véronique OLMI
Bakhita
Éd. Albin Michel, 2017 (456 p.)


Bakhita

« Elle écoute et elle comprend quelques mots, qui disent qu'elle a à peu près sept ans, qui disent qu'elle s'appelle Bakhita »
« Comment tant de bonté peut naitre de tant de souffrances ?! »

Née à Nice en 1962, Véronique Olmi est une comédienne, écrivaine et dramaturge française. Elle est la petite-fille de Philippe Olmi, ministre de l'Agriculture, député des Alpes-Maritimes et maire de Villefranche-sur-Mer durant vingt ans. Après avoir suivi des études d'art dramatique, elle a été assistante à la mise en scène pour Gabriel Garran et Jean-Louis Bourdon de 1990 à 1993. Son roman Cet été-là reçoit le prix des Maisons de la Presse en 2011.Véronique Olmi a décroché le prix du roman Fnac 2017 avec son treizième roman, Bakhita, qui esquisse la biographie romancée de Joséphine Bakhita (1869-1947), une enfant volée devenue sainte patronne du Soudan. 

L'auteur critique l'esclavage au XIXe siècle à travers l’histoire de Bakhita, l’héroïne du roman, qui a vécu beaucoup d'événements dans sa vie : de l'esclavage à l’émancipation puis à la sainteté. Le livre est divisé en deux parties. Étant illettrée et ne savant même pas son nom, Bakhita est réduite en esclavage à l'âge de sept ans à la suite d’une razzia, avant qu’elle ne soit achetée par un consul Italien. Adulte, elle devient nourrice dans une famille où elle s'occupe de la petite Mimina pour qui elle se prend d’affection…

Bakhita reste douce et gentille malgré toute la souffrance qu'elle a endurée. Tout au long du roman, on rencontre des personnes qui essayent de l'aider, comme Stefano, qui est arrivé à convaincre la mère de Mimina d'accepter que Bakhita aille à l'Institut pour s'instruire.

Bakhita est noire et sa couleur lui a causé beaucoup de mal « à l'intérieur d'elle » : le mauvais traitement et le racisme sont fréquemment soulignés ici par l'auteure à travers les réactions des personnes qui rencontrent la petite, et jusqu’aux religieuses qui avaient ce regard étrange parce qu’elles considéraient la couleur noire comme un péché.

Une seule religieuse, cependant, a aidé Bakhita en lui parlant du christianisme et du Christ. Avec le temps, Bakhita a appris à prier Dieu chez qui elle a trouvé l’amour absolu. Pour la première fois, elle a eu le choix et elle a choisi de devenir libre. Ensuite, elle a décidé d’être religieuse, le devenant effectivement le jour de la fête du Sacré-Cœur. Les religieuses ont alors écrit son histoire afin qu’elle soit publiée sous forme de feuilleton et ensuite en livre. Bakhita a continué à prier jusque dans  sa maladie, avant qu’elle ne s’éteigne à l'âge de 78 ans.

En 2000, Jean-Paul II déclare Bakhita Sainte et elle devient la première Sainte soudanaise et la première Africaine à être élevée à la gloire des autels sans être martyre. Le pape avait alors déclaré dans son adresse : « il n'y a que Dieu qui puisse donner l'expérience aux hommes victimes des formes d'esclavage anciennes ou nouvelles ». 

Dans son roman, Véronique Olmi critique le racisme et l'esclavage à travers la vie de Bakhita avec un style simple et détaillé basé principalement sur l’emploi des adjectifs, pour aider le lecteur à bien pénétrer la personnalité de l'héroïne ainsi que son esprit et ses sentiments à chaque phase de sa vie.

De plus, elle souligne l'influence de l'instruction et de la religion sur l'Homme et cela par la mise en relief du décalage déjà relevé dans la vie de Bakhita, avant et après son recrutement dans un institut religieux. C’est ainsi que nous pourrions considérer ce roman comme un message adressé à toutes les personnes souffrant sur Terre : c’est avec les principes moraux et la culture qu’on arrive à vaincre la souffrance et à améliorer notre existence.


Amani AYMAN & Fatma MOHAMMAD
  Département de langue et littérature françaises
      Faculté des Lettres
Université d’Alexandrie




Alice ZENITER
L’art de perdre
Éd. Flammarion, 2017 (506 p.)



L'art de perdre

Comme beaucoup d'anciens Maghrébins qui ont quitté leur pays pour se réfugier en France, l’ex-pays colonisateur, les personnages de ce roman d’Alice Zeniter représentent la souffrance de ces peuples-là. Les colonisateurs avaient déjà fait de leur langue maternelle, l’arabe, un dialecte mélangé d'arabe et de français, à tel point que les « indigènes » ne maitrisaient plus au final ni l'arabe ni le français.
Si bien que leur identité a été mise à mal et qu’ils en sont arrivés à ne plus savoir de quelle nationalité ils étaient. À titre d’exemple, l’un des personnages, Ali, le grand-père de Naïma faisait partie de cette catégorie singulière du peuple algérien.

De plus, le fait d'être "harki" n'arrange pas les choses, dans la mesure où les "harkis" sont mal considérés par leurs concitoyens en Algérie, et mal acceptés par les Français en France. Des deux côtés, ils étaient rejetés.
Les Maghrébins qui renoncèrent à vivre dans leur pays d’origine (Algérie, Tunisie, Maroc) en croyant qu'ils allaient trouver ailleurs une vie meilleure, furent confrontés au racisme des pays d'Europe, en particulier de ce pays même qui avait profité des décennies entières des richesses des pays du Maghreb.

L’une des pertes importantes qui accentua le trouble identitaire fut sans doute celle de la langue arabe, au profit de la langue française. Cette transformation s’accompagna d’un mimétisme social aliénant, les nouveaux immigrés oubliant ou ignorant leurs propres cultures et traditions, tout en n'étant pas vraiment acceptés dans leur pays d'adoption, la France.

Pour Naïma, la petite fille d'Ali, les choses ne devaient pas prendre cette tournure. Elle part donc à la recherche de sa véritable identité en allant à la rencontre de ses origines, malgré la difficulté qu'elle aura de parler l'arabe ou même de l'apprendre. Elle décide en effet de retourner dans le pays de ses aïeux, pour se retrouver et trouver sa vraie identité. Le roman montre ainsi la souffrance, la tristesse et la nostalgie de ces personnages.

Malak Sameer ISIEFAN
Département de Français
Université Al Aqsa

Eric VUILLARD
L’ordre du jour
Éd. Actes Sud, 2017 (160 p.)


Dans les coulisses de la Grande Histoire


Quelles circonstances ont favorisé la montée du nazisme au XXème siècle ? Comment un homme du peuple est-il arrivé en un temps record au pouvoir en Allemagne ? Quels compromis ont contribué à l’annexion de l’Autriche au Reich en 1938 ? Dans son dernier roman, Éric Vuillard examine lucidement les prémices de la Deuxième Guerre mondiale en vue de répondre à ces questions qui demeurent à l’ordre du jour.
Le roman s’ouvre sur une date fatidique : le 20 janvier 1933. Ce jour-là, vingt-quatre figures prépondérantes du monde industriel rencontrent Hitler à Berlin. Invités par le discours du Führer à faire face au communisme, ces derniers consentent au financement du parti nazi qui remportera les élections et accablera la population d’une série d’atrocités. Qui sont ces hommes qui ont fait chavirer le sort de notre existence ? « Les vingt-quatre ne s'appellent ni Schnitzler, ni Witzleben, ni Schmitt, ni Finck, ni Rosterg, ni Heubel, comme l'état civil nous incite à le croire. Ils s'appellent BASF, Bayer, Agfa, Opel, IG Farben, Siemens, Allianz, Telefunken. Sous ces noms, nous les connaissons […]. Ils sont là, parmi nous, entre nous. Ils sont nos voitures, nos machines à laver, nos produits d’entretien, nos radios-réveils, l’assurance de notre maison, la pile de notre montre » (p. 25).
Avec minutie et exactitude, É. Vuillard n’hésite donc pas à divulguer les acteurs anonymes de la Deuxième Guerre mondiale ainsi que leurs manœuvres infâmes qui ont pourtant été effectuées dans la plus parfaite légalité. Grâce à son style empreint d’humour et d’ironie, cet écrivain et cinéaste français dénonce également une des raisons qui empêchent les nations de prospérer : la réintégration sociale de certains dictateurs, tel que le chancelier autrichien Kurt Schuschnigg : « Il a dit non à la liberté de la presse. [...] Il a dit non au droit de grève, non aux réunions, non à l’existence d’autres partis que le sien. Pourtant, c’est bien le même qu’embauchera après la guerre la noble université de Saint Louis […] comme professeur de sciences politiques. Sûr qu’il en connaissait un bout en sciences politiques, lui qui avait su dire non à toutes les libertés publiques. » (p. 77-78)
Grâce à sa richesse en références historiques, le roman nous séduit par son authenticité et son originalité. En outre, les commentaires humoristiques du narrateur ainsi que les anachronismes narratifs réitérés créent un effet de suspense et rendent la lecture des faits plus souple. D’ailleurs, situé à la croisée du roman politico-historique et de l’essai, L’ordre du jour s’inscrit dans la lignée de l’œuvre romanesque de Vuillard qui n’hésite pas à montrer la grandeur de l’être humain que les faiseurs de la Grande Histoire dérobent à bon escient.
« On ne tombe jamais deux fois dans le même abîme. Mais on tombe toujours de la même manière ». (p. 150) En mettant à nu lucidement les grands pactes faustiens de l’Anschluss qui ont contribué au déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale, Vuillard nous incite vivement à réfléchir sur des problèmes actuels assez graves et à nous poser des questions fondamentales : Qui finance les groupes terroristes sévissant dans le monde d’aujourd’hui ? Pourrions-nous un jour éradiquer, ou du moins limiter, la corruption – tant matérielle que morale – qui porte atteinte à notre droit de vivre en paix et en sécurité ? Serons-nous un jour gouvernés par des responsables consciencieux ? Ne sommes-nous pas les complices silencieux de cet attentat à l’indépendance de nos nations ? N’est-il pas temps de réagir ?
Layal DAGHER
Département de Langue et Littérature Françaises
Faculté des Lettres et des Sciences humaines – section 2
Université Libanaise

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