Chroniques littéraires


Parallèlement à la lecture et à la sélection, les étudiants sont invités à rédiger des chroniques littéraires sur les ouvrages qu’ils auront lus. Ces chroniques seront déposées sur le blog.
Les meilleurs textes seront adressés à la presse, en fonction des accords négociés (L'Orient littéraireL'Orient des campus, etc.).
Pour déposer une chronique : en savoir plus
(s'il vous plaît, n'oublier pas d'inclure les détails de "en savoir plus" )


1- Chroniques de la liste de 2ème sélection

  •   François-Henri Désérable, Un certain M. Piekielny (Gallimard)

  •  Olivier Guez, La Disparition de Josef Mengele (Grasset)
  •   Yannick Haenel, Tiens ferme ta couronne (Gallimard)
  •  Véronique Olmi, Bakhita (Albin Michel)

  •  Monica Sabolo, Summer (J.-C. Latès)
  • Eric Vuillard, L'Ordre du jour (Actes Sud)

  • Alice Zeniter, L'Art de perdre (Flammarion)



2- Chroniques de la liste de la 1ère sélection


4 commentaires:

  1. “L’Art de perdre” : récit d'une Tragédie humaine

    Ce roman est rédigé par Alice Zeniter dont le père est Kabyle et la mère est normande. Le titre du roman, publié par la maison d’édition Flammarion et emprunté à la poétesse américaine Elisabeth Bishop, est adéquat au contenu romanesque car il signifie aux Harkis la perte du passé ; un passé couvrant la patrie, la ville natale, la maison familiale, le climat, les amis, les mœurs et les traditions. La créativité du thème du roman réside en ce qu’il évoquerait pour la première fois, dans ce cadre romanesque comme une tragédie des Harkis et de leurs descendants; le lecteur n’en était jusqu’alors notamment informé que par la presse et les documents historiques.
    Le roman narre la vie de trois générations représentées par Ali, le grand-père qui fut collabo lors de l’occupation française de l’Algérie, par son fils Hamid qui tente en tant qu’immigré de s’intégrer à la société française malgré toutes les sortes du racisme qu’il a dû subir, par sa petite-fille Naima ( La critique pense qu’elle incarne la romancière Alice Zeniter) qui essaie durant sa vie de briser le silence planant longtemps sur les camps des Harkis existant en France, sur la guerre de l’Independence et sur l’humiliation subite par leurs familles dont leurs enfants avaient honte. Leurs compatriotes les traitent de rats, de traitres, de chiens, d’apostats et d’ordures. D’autant plus que la France leur tourne le dos, garde le silence à leur égard et entoure leurs camps de fils barbelés. Naïma hérite également de son père les mêmes craintes car elle a peur de ne pas retrouver son identité.
    Ce roman autobiographique expose les journaux de ses protagonistes afin d’avoir accès à l’angoissante mémoire des Harkis sur laquelle pèse le silence pendant des décennies. “L’Art de perdre” est composé de trois parties dont chacune comprend plusieurs petits chapitres. Dans ce roman, la narration domine largement le discours. C’est pourquoi, il ya deux niveaux de langage : le langage soutenu et le langage courant. Le premier se trouve à la partie narrative, le second figure au dialogue où l’on trouve les usages familiers, argotiques et péjoratifs. Par ailleurs, l’absence totale du passé simple de la narration nous fait croire que le drame des Harkis dure jusqu'à nos jours. Parmi les réminiscences évoquées dans le roman, on met l’accent sur L’Enéïde de Virgile et sur La Route des Flandres de Claude Simon. Ces deux livres connotent cette sévère épopée des Harkis se succédant à la deuxième guerre mondiale. Deux traits spécifiques attirent notre attention, d'une part la multiplication des questions posées par le narrateur qui recherche de son identité ; d'autre part la brièveté de la description qui incite le lecteur à accélérer la lecture du roman afin de réaliser la progression du récit.
    Pour conclure, on rappelle que “L’Art de perdre” oscille entre le réel et la fiction de telle sorte que le narrataire ressente qu’il est en face d’une histoire réelle. Pour ce qui est de thème principal du récit, on donne raison à la romancière de défendre les descendants des Harkis mais elle ne nous parait pas tout à fait neutre lorsqu’elle accuse les combattants du FLN d’avoir été assassins, égorgeurs et voleurs. Or, elle nous parait objective lorsqu’elle établit un lien entre la violence commise par l’occupation, par le FLN et celle des radicaux comme Al-Qaida et Daech à l'état actuel. Au dire de la romancière, ces actes barbares entrainent une haine à l’égard des Musulmans en général et des Arabes en particulier.

    Mouayad Abbas Abdulhassan,
    Département de Français
    Faculté des Lettres
    Université de Mossoul/ Irak

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  2. M. Piekielny, l'homme fantôme
    "Un certain M. Piekielny" est le roman d'un jeune écrivain François Henri Désérable, publié en Juin 2017, imprimé en France dans Gallimard. Désérable est un écrivain et joueur de Hockey sur glace. Il a écrit trois romans : "Tu monteras ma tête devant le peuple", "L'Évariste" et "Un certain M. Piekielny".
    Un certain M. Piekielny est une œuvre semi biographique parlant d'une promesse de Romain Gary ou Roman Kacew qui était un aviateur, diplomate et romancier français d'origine polonaise. Il a passé son enfance à Wilno près de M. Piekielny qui était son voisin. Ce dernier étant l'un des juifs ayant vécu en Lituanie, occupée par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, et subi le déplacement.
    Gary a écrit dans son roman autobiographique La promesse de l'aube que cet homme lui a demandé, quand il était un petit garçon, de déclarer devant les grandes personnalités et les hommes importants que M. Piekielny habitait au n° 16 de la rue Grande-Pohuklanka à Wilno.
    L'ami du narrateur l'a pris pour témoin à son mariage en Lituanie. Alors, il a pris son avion pour Vilnus puis un train pour Minsk afin de se trouver dans la ville où M. Piekielny de Romain Gary habitait. Le narrateur engage une enquête sur ce personnage. Il a une grande envie de savoir si cette souris triste, comme Gary a aimé l'appeler, est encore vivante? Est-ce qu'elle est une personne réelle à l'origine? Le protagoniste s'est mis à la recherche sur l'Internet en écrivant sur Google Piekielny, mais il a trouvé un restaurant portant le nom de Piekileny Ruzt. Ainsi, il a continué son investigation en allant au quartier où il vivait et il a trouvé un barbier s'appelant Piekielny, mais ce n'est pas la même personne qu'il cherche. En fin du roman, le narrateur s'est rappelé le chapitre VII de La promesse de l'aube dans lequel Gary est revenu à son quartier après être devenu un ambassadeur et écrivain connu et le plus important qu'il a retenu sa promesse en disant le nom Piekielny devant des personnalités importantes comme John Kennedy, président des États-Unies. En revanche, Piekielny est resté enveloppé de mystères dont personne ne connaît la vérité. Ce personnage donnerait alors le pouvoir de la parole à ceux qui ont subi la barbarie allemande en 1941.
    Les techniques narratives utilisées dans ce récit encouragent le récepteur à ne pas arrêter sa lecture, surtout les jeunes qui préfèrent le recours aux vocabulaires de leur vie quotidienne, comme la terminologie de l'informatique : selfies, Google, Internet... D'ailleurs, le thème principal du récit, celui de savoir comment l'opprimé peut-il affirmer son existence, répond aux attentes de jeunes lecteurs.
    Karam Iskander
    Département de Français
    Faculté des Lettres
    Université de Mossoul/ Irak

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  4. Véronique Olmi
    Bakhita
    Ed. Albin Michel, 2017 (456 p.)

    Noir et blanc
    Bakhita est un roman basé sur la vie réelle d’une soudanaise, enlevée à l’âge de 7ans par les ravisseurs avec lesquels son trajet de souffrance a commencé. Cette petite négresse s’est vendue et s’est rachetée 5 fois, subissant toute sorte de torture et d’humiliation. Elle a trouvé pour la première fois une vie différente de celle auprès de ses maîtres musulmans quand elle a été achetée par le consul de l'Italie.
    L’Italie pour elle est devenue le refuge des cruautés de sa vie précédente de captive. Bakhita a décidé de ne plus revenir à son pays natal et de s’installer pour toujours dans ce pays étrange où elle a trouvé la paix. Se convertir au christianisme était presque sa décision finale par laquelle elle se délibère de l’injustice humaine pour être à la fin une sainte.
    Véronique Olmi nous a transmis les sentiments sincères d’une petite fille dépourvue de tous ses droits : sa liberté, son prénom, sa famille et même sa langue. Elle nous a présenté un roman écrit d’un style simple qui, au début, suscite chez le lecteur l’envie de connaitre la suite, mais au fur et à mesure, le lecteur se trouve débordé par des détails et des répétitions qui le troublent. Ainsi la lecture devient-elle monotone et fatigante. La romancière en reproduisant la vie réelle de cette femme veut sûrement nous transmettre un certain message. Notons que Bakhita écrit son histoire de vie à la demande de sa supérieure, sœur Margherita, un livre publié en 1931. Nous trouvons aussi deux livres parlant de la vie de cette religieuse écrit par Augusta Curreli, L'Histoire de Bakhita en 2000 et par Hervé Roullet, Joséphine Bakhita, l'esclave devenue sainte, en 2015. Alors Véronique Olmi ne se contente pas de répéter ce que les autres disent, c'est pourquoi nous insistons sur le message de l'écrivain. L'un des messages relaté c'est qu’il y a un appel à ne pas perdre l’espoir de vivre en paix. Mais est-ce que la solution sera de couper tous les liens avec la vie passée?
    J'ai suivi la division de la romancière, et je donne un titre pour chaque partie : pour la première je l'appelle noir et pour la deuxième je mets comme titre blanc. La première partie de ce roman se compose de 249 pages et couvre 7 ans de la vie de l'héroïne à l’esclavage, tandis que la deuxième contient 145 pages et couvre les 64 ans de sa vie. Alors il y a une déséquilibre entre les deux parties qui marquent une contradiction idéologique : les premières 249 pages racontent la cruauté des ravisseurs musulmans; aucune merci même entre les esclaves eux-mêmes, les tortures et la cruauté vont ensemble avec les prières des musulmans. Mais on ne témoigne dans la deuxième partie que l'amour, la miséricorde et le respect. Est-ce par hasard qu'un écrivain divise son roman de telle façon ou il veut nous transmettre un certain message ?

    Maysaa Abduljaleel Masyab
    Département de français
    Faculté des lettres
    Université Al-Mustansiriyah

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